Depuis des mois, Will Still enchaîne les buzz. Comment l’entraîneur d’un modeste club de Ligue 1 réussit-il à rester sous le feu des projecteurs à l’heure où les buzz sont de plus en plus éphémères ? Talent naturel ou stratégie bien pensée ?
Remettons un peu de contexte. Après des débuts remarqués en Belgique, Will Still rejoint le Stade de Reims en tant qu’adjoint d’Oscar Garcia. Suite au licenciement de ce dernier, il devient entraîneur principal intérimaire. S’en suivent cinq matchs sans défaite et une prolongation au club. Pour ses débuts à Reims, le coach connaît une série d’invincibilité de dix-neuf journées, la plus longue de l’histoire du club. Le premier buzz est donc lié à ses résultats.
Un premier buzz naturel
Janvier 2023 : en marge de la rencontre face au PSG, le technicien belgo-anglais transmet un discours fort à ses joueurs, avec un langage franc et galvaniseur. Résultat ? Un point obtenu au Parc des Princes et un premier gros tour du web pour Will Still.
Sa personnalité forte va vite plaire à la France. Parmi ses admirateurs, on y retrouve Franck Haise, l’entraîneur du RC Lens : “J’aime beaucoup ce qu’il dégage. C’est quelqu’un d’authentique et ce n’est pas toujours facile dans ce milieu où vous pouvez changer un peu par obligation, notamment quand les résultats sont là. (…) Il a à peine plus de 30 ans, c’est impressionnant. Je pourrais continuer à le voir quand j’aurai arrêté”.
Il profite du PSG ?
Le PSG : un adversaire qui donne beaucoup de visibilité à Will Still. Il est amené à plusieurs reprises à réaliser des capsules tactiques des confrontations face aux Parisiens. Des séquences originales et très intéressantes, à la fois pour le grand public et pour un public averti. Pour lui, il s’agit d’une aubaine : mettre en avant sa préparation, ses qualités, ses idées. Certains coachs sont pourtant encore très réticents envers ce genre de projet… Will Still, lui, ose. En bonus, il nous gratifie de punchlines : “Si Ito met ce but-là, je fais le tour du terrain à poil”.
Un bon client pour les médias
Naturel et authenticité. Deux qualités de Will Still fortement appréciées des journalistes. Elles l’aident à attirer l’attention chaque semaine. Sa force, c’est aussi cela. Au-delà des buzz retentissants, il est capable de divertir le public en continu, sans forcer. On retiendra cette séquence où il effectue un test son avant une interview pour Prime Video.
Au fil du temps, on peut se demander si la hype ne va pas s’essouffler. Mais quand on se dit que les médias vont passer à autre chose, Will Still sort un nouveau grigri. Emission Téléfoot de TF1, il participe au défi de “La lucarne” qui consiste à envoyer le ballon dans une fenêtre de 43 centimètres. Boum. C’est dedans au premier essai. Scène mémorable dans la foulée.
« Teuma ? Aujourd’hui, c’est plus Teddy, c’est Freddy, son cousin », « Diakhon ? C’est pas lui qui voulait tirer les coups francs en match ? » « Salama ? C’est une catastrophe », « Richardson ? Faut viser le trou dans le mur, pas la sonnette… »
Au fil des mois, le coach rémois a aussi connu quelques critiques. Mais quand c’est un certain Raymond qui fronce les sourcils… même un commentaire acerbe peut aider ! « On ne peut pas mettre tout et n’importe qui. L’extrême ça sera de mettre quelqu’un qui n’a pas du tout de diplôme. Il faut mettre les amendes plus chères, comme ça les clubs ne feront pas appel à ceux qui n’ont pas de diplôme ». Tels étaient les mots de Raymond Domenech, ancien entraîneur et président du Syndicat des entraîneurs. Une critique liée au fait que Will Still ne possédait pas tous les diplômes nécessaires pour entraîner en Ligue 1.
A cause de ce manquement, le Stade de Reims était condamné à payer une amende de 25.000 euros pour chacune des rencontres coachées par Will Still. Une info qui a fait le tour de la toile durant sa première série de résultats positifs.
La fin de l’invincibilité
C’est une défaite face à Marseille qui a mis fin à la série d’invincibilité de Reims. La réaction de Will Still : “Peut-être que je vais devenir un vrai entraîneur après avoir perdu. (…) Mais j’ai surtout un sentiment de fierté et de positivisme. On a écrit une très belle histoire, il reste 10 matchs, à nous d’en écrire une de nouveau. »
Après une défaite à Clermont lors d’une période compliquée, il s’est exprimé sur un reproche qui lui est parfois fait : “On m’a dit il y a quelques semaines que je devais essayer de me canaliser, de peser mes mots. C’est ce que j’essaye de faire, mais je vous jure qu’au fond de moi, ça me rend complètement fou. J’ai envie de péter toutes les portes qu’il y a en face de moi. Je ne vais pas le faire, je vais rester calme. Le tempérament du roux et de l’Anglais qui ressort, j’essaye de le canaliser au mieux.”
La gestion de la rumeur Sunderland
Récemment, il a également dû faire face à des rumeurs l’envoyant du côté de Sunderland, dont il aurait rencontré les dirigeants. Il a su y répondre avec calme et humour. La question de ses objectifs et de son rêve de Premier League lui a souvent été posée. Bien préparé, il n’est jamais mis en difficulté et part sur les classiques « c’est forcément un rêve » mais « je suis concentré sur mon club ». Un classicisme presque étonnant pour le personnage.
Will Still a un avantage sur de nombreux coachs : il est naturellement un excellent communiquant. Sa personnalité authentique, forte et ouverte matche parfaitement avec les besoins médiatiques du football moderne.
